Wednesday, September 29, 2010
Wednesday, September 22, 2010
Tuesday, September 21, 2010
Nunavik: le nombre d'enfants en détresse reste élevé
Entre 2006 et 2009, les signalements d'enfants en danger ont carrément explosé. Le nombre de cas a augmenté de 110% dans les villages de la baie d'Hudson, et de 57% du côté de la baie d'Ungava.
Photo: Agnès Gruda, La Presse
Les services pour les enfants en difficulté s'améliorent à pas de tortue dans le Grand Nord québécois. Mais les progrès restent extrêmement précaires, et les statistiques sur la réalité des jeunes Inuits donnent froid dans le dos.
Agnès Gruda
La Presse
Trois ans après avoir publié un rapport accablant sur la situation des enfants du Nunavik, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse a dressé, hier, le bilan du chemin parcouru.
Ce qui en ressort, en gros, c'est que si les services sociaux sont mieux organisés, la proportion d'enfants en détresse reste ahurissante. Ainsi, 30% des jeunes Inuits de moins de 18 ans font l'objet d'un signalement à la Direction de protection de la jeunesse. C'est six fois plus que dans le reste du Québec.
Cette année, la DPJ a retenu 1341 signalements, ce qui représente plus de 23% de tous les enfants et adolescents du Grand Nord québécois. En d'autres mots, près d'un jeune Inuit sur quatre vit une situation de détresse suffisamment aiguë pour avoir besoin de protection.
Entre 2006 et 2009, les signalements d'enfants en danger ont carrément explosé. Le nombre de cas a augmenté de 110% dans les villages de la baie d'Hudson, et de 57% du côté de la baie d'Ungava.
Cette tendance ne constitue pas nécessairement une mauvaise nouvelle. Elle signifie que la Loi sur la protection de la jeunesse est maintenant appliquée au Nunavik, ce qui n'était pas le cas il y a trois ans, fait valoir la vice-présidente de la Commission, Sylvie Godin.
N'empêche: dans son rapport, la Commission écrit: «La situation des enfants du Nunavik demeure encore aujourd'hui très alarmante, car la détresse sociale semble s'intensifier.» Et dans certains villages du Grand Nord, le tissu social s'est carrément dégradé depuis trois ans.
«Notre bilan peut paraître timide», reconnaît Sylvie Godin, qui souligne toutefois que le Nunavik part de loin. Et qu'il n'était pas évident d'implanter un modèle d'intervention étranger à la culture inuit.
Déception
«Je suis très déçu de constater que la situation ne s'est pas améliorée autant que nous l'aurions souhaité», dit Pita Ataami, président de la Société Makivik, responsable du développement du Nunavik. Selon lui, un grand pas a cependant été franchi dans les dernières années: les mauvais traitements dont souffrent les enfants du Nunavik ne constituent plus un tabou. «Les gens commencent à en parler, nous reconnaissons maintenant que nous avons un problème, que certains parents négligent leurs enfants», dit-il.
Dans son bilan, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse revient sur les 21 recommandations qu'elle a formulées il y a trois ans. Plusieurs d'entre elles ont été suivies, du moins en partie. Mais sur certains points, rien n'a bougé.
Ainsi, les problèmes de recrutement restent aigus dans le Grand Nord. Un intense rattrapage a permis de pourvoir tous les postes à la DPJ du côté de la baie d'Ungava. Ce n'est pas le cas du côté de la baie d'Hudson, où le tiers des postes n'étaient pas comblés. Cela force les employés à faire de nombreuses heures supplémentaires, ce qui contribue au surmenage et à l'incessant roulement du personnel.
Le rapport reproche au gouvernement du Québec de ne pas avoir amélioré les conditions de travail des employés qui font le choix de travailler dans le Grand Nord. Mais depuis la rédaction du rapport, Québec a annoncé un investissement supplémentaire de 280 millions de dollars qui devrait améliorer le taux de rétention du personnel au Nunavik, se réjouit Sylvie Godin.
En revanche, la situation des familles d'accueil est toujours extrêmement instable. Les adoptions traditionnelles ne sont toujours pas évaluées mais, surtout, la pénurie de logements exacerbe tous les autres problèmes sociaux. Or, sur ce point, rien n'a bougé, déplore Mme Godin, selon qui la situation du Grand Nord exige que l'on reste «en mode urgence.»
Avec ce bilan, la Commission termine son intervention au Nunavik - même si elle se réserve le droit de se pencher ponctuellement sur les problèmes du Grand Nord. «Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités», assure Pita Ataami.
Monday, September 20, 2010
Enfants inuits en danger - Les gouvernements savent, mais ne font rien
Le manque et le surpeuplement des logements au Nunavik représentent une menace très lourde pour le développement et le bien-être des jeunes Inuits
Collectif d'auteurs 20 septembre 2010 Actualités en société
L'actualité récente ramène à l'ordre du jour politique un dossier qui traîne depuis des années: celui du manque de logements au Nunavik. En 1997, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, alertée par le manque de services offerts aux enfants en besoin de protection, concluait une enquête longue de cinq ans en soulignant à gros traits que le surpeuplement des logements au Nunavik représentait une menace très lourde pour le développement et le bien-être des enfants.
Les travailleurs sociaux qui oeuvrent là-haut répètent aujourd'hui la même chose. On ne réglera rien de substantiel dans la vie des enfants inuits si les gouvernements, conformément aux obligations qui les lient par la Convention de la Baie James et du Nord québécois, ne répondent pas aux besoins pressants de ces communautés du Nord.
Santé physique
Les familles inuites vivent dans un environnement résidentiel toxique: leurs logements sont trop petits, surpeuplés, et ne répondent pas aux exigences d'une vie sédentaire qu'ils n'ont pas choisie. La littérature scientifique nous aura appris depuis déjà une bonne quinzaine d'années que le surpeuplement résidentiel a un impact important sur le développement des enfants.
Leur santé physique en est gravement affectée: ils sont notamment plus vulnérables aux infections (y compris les otites à répétition) et aux maladies pulmonaires chroniques. Sur le plan de leur bien-être psychologique, les enfants vivant dans ces conditions de surpeuplement sont plus nombreux à présenter des symptômes de détresse et des problèmes de maîtrise de leurs comportements et d'apprentissage à l'école.
Également, les tout-petits vivant entassés dans des logements exigus réussissent moins bien les tests de développement cognitif. Selon les recherches disponibles, ces retards s'expliquent par le fait que les parents ont tendance à moins interagir, donc à moins stimuler leurs jeunes enfants dans un environnement surpeuplé, afin de se protéger d'un envahissement constant.
Mauvais traitements
La densité résidentielle jouerait également un rôle important dans les mauvais traitements subis par les enfants. Plusieurs études contemporaines font état d'une corrélation très élevée entre le surpeuplement du logement et la violence physique et les violences sexuelles envers les enfants.
De fait, au moins une étude indique que le surpeuplement, lorsqu'il dépasse 1,5 personne par pièce, contribue significativement à la manifestation de mauvais traitements envers les enfants, même en tenant compte de nombreuses autres conditions de vie difficiles des familles. Le fait de devoir vivre avec des adultes autres que ses parents augmente aussi les risques que l'enfant subisse des violences physiques ou sexuelles.
Les gouvernements savent
Les gouvernements savent. Ils ne peuvent pas prétexter l'ignorance. La proportion d'enfants de moins de 17 ans dans la population est deux fois plus élevée au Nunavik que dans l'ensemble du Québec. Les gouvernements savent que les enfants inuits sont six fois plus à risque d'être signalés à la protection de la jeunesse que les autres enfants du Québec. Les gouvernements savent que les services de protection seuls n'arriveront pas à colmater les brèches et encore moins à réduire le problème. Les gouvernements savent que ce phénomène et la détresse des communautés et des familles ne cessent de s'amplifier. Ils savent également que toutes ces dérives pourraient être grandement atténuées si on répondait correctement aux besoins légitimes et urgents des familles inuites en matière de logement. Il manque 1000 logements pour les familles du Nunavik, mais, bien sûr, il y a le Colisée de Québec...
Photo: (Sean Kilpatrick/Canadian Press) Kuujjuaq
Thursday, September 16, 2010
Le manque de logements au Nunavik - Les gouvernements savent
Les auteurs soulignent que la littérature scientifique démontre que la densité résidentielle aurait un impact sur la santé physique et psychologique des enfants du Nunavik.
Deux articles de Marie Tison parus dans La Presse du 13 septembre ramènent dans l'agenda politique un dossier qui traîne depuis des années: celui du manque de logement au Nunavik. En 1997, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, alertée par le manque de services offerts aux enfants en besoin de protection, concluait une enquête longue de cinq ans en soulignant à gros traits que le surpeuplement des logements au Nunavik représentait une menace très lourde au développement et au bien-être des enfants. Les travailleurs sociaux qui oeuvrent là-haut répètent aujourd'hui la même chose. On ne règlera rien de substantiel dans la vie des enfants Inuits si les gouvernements, conformément aux obligations qui les lient de par la Convention de la Baie James et du Nord Québécois, ne répondent pas aux besoins pressants de ces communautés du Nord.
Les familles Inuits vivent dans un environnement résidentiel toxique: leurs logements sont trop petits, surpeuplés, et ne répondent pas aux exigences d'une vie sédentaire qu'ils n'ont pas choisie. La littérature scientifique nous aura appris depuis déjà une bonne quinzaine d'années que le surpeuplement résidentiel a un impact important sur le développement des enfants. Leur santé physique en est gravement affectée: ils sont notamment plus vulnérables aux infections (y compris les otites à répétition) et aux maladies pulmonaires chroniques. Sur le plan de leur bien-être psychologique, les enfants vivant dans ces conditions de surpeuplement sont plus nombreux à présenter des symptômes de détresse et des problèmes de contrôle de leurs comportements et d'apprentissage à l'école. Également, les tout-petits vivant entassés dans des logements trop exigus performent moins bien aux tests de développement cognitif. Selon les recherches disponibles, ces retards seraient dûs à ce que les parents ont tendance à moins interagir, donc à moins stimuler leurs jeunes enfants, dans un environnement surpeuplé, question de se protéger d'un envahissement constant.
La densité résidentielle jouerait également un rôle important dans les mauvais traitements subis par les enfants. Plusieurs études contemporaines font état d'une corrélation très élevée entre le surpeuplement du logement et la violence physique et les abus sexuels envers les enfants. De fait, au moins une étude indique que le surpeuplement, lorsqu'il dépasse 1,5 personnes par pièce, contribue significativement à la manifestation de mauvais traitements envers les enfants même en tenant compte de nombreuses autres conditions de vie difficiles des familles. Le fait de devoir vivre avec des adultes autres que ses parents augmente aussi les risques que l'enfant subisse des violences physiques ou sexuelles.
Les gouvernements savent. Ils ne peuvent pas prétendre à l'ignorance. La proportion d'enfants de moins de 17 ans dans la population est deux fois plus élevée au Nunavik que pour l'ensemble du Québec. Les gouvernements savent que les enfants Inuits sont six fois plus à risques d'être signalés à la protection de la jeunesse que les autres enfants du Québec. Les gouvernements savent que les services de protection seuls n'arriveront pas à colmater les brèches et encore moins à réduire le problème. Les gouvernements savent que ce phénomène et la détresse des communautés et des familles ne cessent de s'amplifier. Ils savent également que toutes ces dérives pourraient être grandement atténuées si on répondait correctement aux besoins légitimes et urgents des familles Inuits en matière de logement. Il manque 1000 logements pour les familles du Nunavik, mais bien sûr, il y a le Colisée de Québec...
Wednesday, September 15, 2010
Tuesday, September 14, 2010
Monday, September 13, 2010
Inuit residence in Montreal scrapped amid racist charges
TwitterLinkedInDiggBuzzEmail.Graeme Hamilton, National Post
MONTREAL — The not-in-my-backyard syndrome has got the better of proposed garbage landfills and wind farms, homeless shelters and halfway houses. In Montreal it has just claimed a residence for people requiring care for heart ailments, spinal injuries and high-risk pregnancies. The reason: the patients would have been Inuit from northern Quebec.
Four months after racist tracts circulated warning that the proposed residence would increase crime in the north-central district of Villeray and the borough mayor worried aloud about 125 Inuit hitting the city to party, the health board behind the project pulled the plug on Thursday.
The Nunavik Regional Board of Health and Social Services said vocal opposition to the project led administrators to conclude “the Inuit clientele would not be accepted in the Villeray borough, even though we received some support for the project.”
The plan would have seen the abandoned Chinese Hospital, vacant for a decade, renovated at a cost of $12-million to provide temporary residence for Inuit requiring a range of medical treatments unavailable in northern Quebec. Currently, these patients are housed in seven different locations around the city. In a June presentation about the project, health officials called the current conditions “unacceptable” and said there was an urgent need to provide better housing.
Alasie Arngak, the regional health board’s chairwoman, called the situation that led to the scrapping of the project hurtful. “The organizations of the Nunavik network firmly believe that the injury inflicted is too deep to pursue the relocation project to the former Chinese Hospital,” she said in a statement. The board said it will now look for another site.
Signs that the seemingly innocuous project could be headed for trouble first surfaced in May. Anie Samson, Mayor of the borough that includes Villeray, told the Nunatsiaq online news site she was concerned the patients and their companions would disrupt the peaceful neighbourhood.
“People come from far away, they come into the city where everything’s new, there’s action. It’s as if they were coming to Las Vegas,” she said.
Ms. Samson repeated her concerns in an interview with Radio-Canada: “When you bring 125 people who are uprooted, it’s new, it’s the big city, it’s a party. For sure there will be things that happen. It would be a lie to say there will be no incivility.”
The borough council voted to freeze any development on the hospital site until it received more information from health authorities.
At around the same time, anonymous flyers began appearing in neighbourhood mailboxes warning of the “imminent danger” presented by the proposed residence. Property values would plunge, drug addicts and prostitutes would overrun the streets, the flyers said: “Your quiet, your families and your children are in danger.”
The initial reaction was fuelled in part by the mistaken view that the residence would be a detox centre. Other Villeray residents pleaded for tolerance, starting a Facebook group decrying the “racism” that had greeted the project.
In an interview last month before the project was cancelled, Edward Saluarsiak, a 28-year-old Inuk from Aupaluk on Ungava Bay, said he was mystified by the negative reaction. He has been in a wheelchair since a boat accident nine years ago and travels to Montreal regularly for spinal cord treatments.
“They should welcome us because we’re native,” he said of the people of Villeray. “We were here before the Halunaks came.” (Halunak is an Inuktitut word for a white person.)
André Trépanier, a Villeray resident who started a committee in favour of the Inuit project, said he was saddened to see that it had fallen victim to the not-in-my-backyard syndrome. In a statement on behalf of his committee he expressed “shame at the bad reception” given to the project and “anger” at the way elected officials handled the controversy. “In the name of the residents of Villeray, the committee apologizes,” he wrote.
National Post (Toronto)
Read more: http://www.nationalpost.com/news/Inuit+residence+Montreal+scrapped+amid+racist+charges/3508852/story.html#ixzz0zPyiB6Ty
Nunavik: les travailleurs sociaux lancent un cri d'alarme
Le président de la Société Makivik, Pita Aatami (à droite), avait rappelé les besoins énormes de la communauté inuite en logement social lors d'une rencontre de suivi de la Conférence Katimajiit, une réunion entre les Inuits du Nunavik et les gouvernements du Québec et du Canada, en mars 2009. M. Aatami est ci-dessus accompagné du premier ministre du Québec Jean Charest.
Marie Tison
La Presse
Alicia, jeune femme inuite d'Umiujaq, s'estime chanceuse malgré tout. Elle a sa propre chambre dans le quatre et demi qu'elle partage avec sept autres personnes. Un couple occupe l'autre chambre. Les cinq enfants couchent dans le salon. Quand les adultes finissent par aller se coucher, le soir, les enfants sortent les matelas, les étendent par terre et se couchent.
«La pénurie de logements, c'est le principal problème au Nunavik, qui entraîne des conséquences économiques, culturelles et sociales», résume Jean Boucher, directeur des services à la clientèle de l'Office municipal d'habitation Kativik.
Serge Déry, directeur de la Santé publique au Nunavik, énumère les problèmes de santé aggravés par le surpeuplement des logements: les maladies infectieuses se propagent rapidement, les enfants ont des otites à répétition, l'incidence des infections à streptocoque est plus élevée que partout ailleurs au Québec.
«Ce qui nous préoccupe encore plus, c'est la santé mentale, poursuit-il. Il y a deux ou trois générations dans le même logement, trois ou quatre jeunes dans la même chambre. C'est difficile, pour un enfant, d'avoir un endroit tranquille pour faire ses devoirs.»
Selon Paul Parsons, maire de Kuujjuaq, c'est tout le bien-être de la communauté qui est compromis.
«Tous les problèmes sociaux sont aggravés, lance-t-il. Lorsqu'il y a abus d'alcool, de drogue, lorsqu'il y a de la violence, les gens ne savent plus où aller.»
Ce sont les gens en première ligne dans les services sociaux qui tentent de recoller les pots cassés.
«Je reçois une vieille dame de 72 ans deux fois par semaine», raconte Gisèle Frenette, que La Presse a rencontrée pendant sa pause dans le local du syndicat des travailleurs du centre de santé Tulattavik d'Ungava (CSN).
«Son mari la bat. Elle veut partir, mais où peut-elle aller? Cela peut prendre deux à trois ans avant d'obtenir un appartement. Combien de fois devra-t-elle se faire battre en attendant?»
Retirer le mari n'est pas non plus une solution.
«On ne peut pas le laisser dans la toundra», explique M. Déry.
L'inceste est aussi un problème.
«Au sud, quand on a un mononcle «cochon», on essaie de se tenir loin de lui lorsqu'on le voit à un party de famille, lance M. Boucher. Mais ici, il couche dans la même chambre.»
Le surpeuplement a également un impact sur ceux qui essaient de remettre de l'ordre dans leur vie, qui essaient d'arrêter de boire, par exemple.
«Quand ils reviennent de leur programme (de désintoxication) de six semaines, ils sont sobres, indique Mme Frenette. Mais ils retournent vivre dans une maison où 12 personnes boivent. Ils font de leur mieux, mais ils vont recommencer. Il leur faudrait être surhumain pour résister.»
Elle souligne également le sort des jeunes en familles d'accueil. À 18 ans, ils doivent en sortir. Mais pour aller où?
Les jeunes couples ne peuvent pas partir de chez leurs parents pour fonder une famille, il n'y a pas de logements. Ce qui joue évidemment contre la stabilité de ces unions.
«Les jeunes n'acquièrent pas le sens des responsabilités, déplore Mary Johaness, travailleuse sociale inuite rencontrée dans le petit local syndical. Ils consomment de la drogue et ont parfois recours à la violence pour obtenir de l'argent de leurs grands-parents.»
Les travailleurs de première ligne, souvent venus du Sud avec de grands idéaux, se sentent frustrés. Or, ils vivent également des problèmes de logement. Le gouvernement leur fournit un appartement, mais il leur faut quelques mois, parfois un an, avant de l'obtenir. En attendant, ils doivent partager avec des colocataires. Souvent, il s'agit d'un collègue de travail, avec qui ils ont passé toute la journée.
Malgré cela, le fait que le gouvernement fournisse des logements aux travailleurs du Sud crée un certain ressentiment au sein de la communauté inuite.
«Il faudrait que les habitants engagés obtiennent également un logement», observe Mme Johaness.
Marie Tison
La Presse
Alicia, jeune femme inuite d'Umiujaq, s'estime chanceuse malgré tout. Elle a sa propre chambre dans le quatre et demi qu'elle partage avec sept autres personnes. Un couple occupe l'autre chambre. Les cinq enfants couchent dans le salon. Quand les adultes finissent par aller se coucher, le soir, les enfants sortent les matelas, les étendent par terre et se couchent.
«La pénurie de logements, c'est le principal problème au Nunavik, qui entraîne des conséquences économiques, culturelles et sociales», résume Jean Boucher, directeur des services à la clientèle de l'Office municipal d'habitation Kativik.
Serge Déry, directeur de la Santé publique au Nunavik, énumère les problèmes de santé aggravés par le surpeuplement des logements: les maladies infectieuses se propagent rapidement, les enfants ont des otites à répétition, l'incidence des infections à streptocoque est plus élevée que partout ailleurs au Québec.
«Ce qui nous préoccupe encore plus, c'est la santé mentale, poursuit-il. Il y a deux ou trois générations dans le même logement, trois ou quatre jeunes dans la même chambre. C'est difficile, pour un enfant, d'avoir un endroit tranquille pour faire ses devoirs.»
Selon Paul Parsons, maire de Kuujjuaq, c'est tout le bien-être de la communauté qui est compromis.
«Tous les problèmes sociaux sont aggravés, lance-t-il. Lorsqu'il y a abus d'alcool, de drogue, lorsqu'il y a de la violence, les gens ne savent plus où aller.»
Ce sont les gens en première ligne dans les services sociaux qui tentent de recoller les pots cassés.
«Je reçois une vieille dame de 72 ans deux fois par semaine», raconte Gisèle Frenette, que La Presse a rencontrée pendant sa pause dans le local du syndicat des travailleurs du centre de santé Tulattavik d'Ungava (CSN).
«Son mari la bat. Elle veut partir, mais où peut-elle aller? Cela peut prendre deux à trois ans avant d'obtenir un appartement. Combien de fois devra-t-elle se faire battre en attendant?»
Retirer le mari n'est pas non plus une solution.
«On ne peut pas le laisser dans la toundra», explique M. Déry.
L'inceste est aussi un problème.
«Au sud, quand on a un mononcle «cochon», on essaie de se tenir loin de lui lorsqu'on le voit à un party de famille, lance M. Boucher. Mais ici, il couche dans la même chambre.»
Le surpeuplement a également un impact sur ceux qui essaient de remettre de l'ordre dans leur vie, qui essaient d'arrêter de boire, par exemple.
«Quand ils reviennent de leur programme (de désintoxication) de six semaines, ils sont sobres, indique Mme Frenette. Mais ils retournent vivre dans une maison où 12 personnes boivent. Ils font de leur mieux, mais ils vont recommencer. Il leur faudrait être surhumain pour résister.»
Elle souligne également le sort des jeunes en familles d'accueil. À 18 ans, ils doivent en sortir. Mais pour aller où?
Les jeunes couples ne peuvent pas partir de chez leurs parents pour fonder une famille, il n'y a pas de logements. Ce qui joue évidemment contre la stabilité de ces unions.
«Les jeunes n'acquièrent pas le sens des responsabilités, déplore Mary Johaness, travailleuse sociale inuite rencontrée dans le petit local syndical. Ils consomment de la drogue et ont parfois recours à la violence pour obtenir de l'argent de leurs grands-parents.»
Les travailleurs de première ligne, souvent venus du Sud avec de grands idéaux, se sentent frustrés. Or, ils vivent également des problèmes de logement. Le gouvernement leur fournit un appartement, mais il leur faut quelques mois, parfois un an, avant de l'obtenir. En attendant, ils doivent partager avec des colocataires. Souvent, il s'agit d'un collègue de travail, avec qui ils ont passé toute la journée.
Malgré cela, le fait que le gouvernement fournisse des logements aux travailleurs du Sud crée un certain ressentiment au sein de la communauté inuite.
«Il faudrait que les habitants engagés obtiennent également un logement», observe Mme Johaness.
Parmi toutes les régions nordiques du Canada, c'est au Nunavik que le problème de la pénurie de logements est le plus aigu. Sur notre photo, Salluit.
Marie Tison
La Presse
La Société Makivik, qui assure le développement de la communauté inuite, menace d'utiliser les tribunaux pour forcer les gouvernements à régler le grave problème de pénurie de logements dans le Grand Nord du Québec.
À bout de patience, la Société Makivik menace de recourir aux tribunaux pour forcer le gouvernement fédéral à régler le grave problème de pénurie de logements au Nunavik, le Grand Nord du Québec.
«Nous avons négocié, nous avons eu des discussions, mais ça ne nous a menés nulle part», déplore le président de la Société Makivik, Pita Aatami, lors d'une entrevue avec La Presse dans son bureau de Kuujjuaq, au Nunavik. «Quelle avenue légale nous reste-t-il?»
La Société Makivik a été créée dans le cadre de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois pour assurer le développement de la communauté inuit.
D'une voix posée, M. Aatami affirme que les gouvernements ne respectent qu'une partie de leurs obligations en matière de logement social en vertu de la convention.
«J'examine nos options légales. S'ils ne respectent pas leurs obligations, nous n'aurons pas le choix, il faudra aller devant les tribunaux. Nous espérons que ceux-ci les convaincront de prendre leurs responsabilités.»
En mars dernier, les gouvernements du Canada, du Québec et les Inuits du Nunavik ont renouvelé une entente de 190 millions de dollars sur le logement social, ce qui permettra la construction de 340 unités au cours des cinq prochaines années. Ottawa financera la construction des logements alors que Québec assumera le déficit d'exploitation et les coûts d'entretien au cours des 15 prochaines années.
«Ce n'est pas suffisant, tranche M. Aatami. Uniquement pour répondre aux besoins actuels, il faudrait près de 1000 unités de logement.»
Le Nunavik compte 14 communautés. La plus petite, Aupaluk, compte moins de 200 habitants. La plus grande, Kuujjuaq, dépasse à peine les 2000 habitants. Mais le taux de croissance de la population est très élevé.
«Il y a beaucoup d'enfants, observe le maire de Kuujjuaq, Paul Parsons. Les familles sont nombreuses et les jeunes commencent tôt à avoir des enfants.»
Parmi toutes les régions nordiques du Canada, c'est au Nunavik que le problème de la pénurie de logements est le plus aigu. Selon un recensement fait par Statistique Canada en 2006, 49% des ménages inuits du Nunavik vivent dans des logements surpeuplés, comparativement à 39% au Nunavut.
«C'est la seule région où la situation s'est détériorée entre 1996 et 2006», déplore Serge Déry, directeur de la Santé publique au Nunavik.
Selon une enquête de l'Office municipal d'habitation, la demande pour de nouveaux logements au Nunavik est passée de 533 unités en 2003 à plus de 900 en 2008, alors qu'il s'était bâti 239 unités pendant cette période.
On ne trouve pas de pancartes «à louer» au Nunavik. En raison des coûts de construction élevés et d'un rendement douteux, il n'y a pas de marché privé. La grande majorité des logements sont des logements sociaux.
«Nous gérons 80% des logements, indique Jean Boucher, directeur des services à la clientèle de l'Office municipal d'habitation Kativik. Si on n'a pas un logement fourni par son employeur, la seule façon de se loger, c'est à travers l'Office.»
Il est également difficile de construire sa propre maison: le coût des matériaux est prohibitif, la livraison, par bateau, ne peut se faire que trois mois par année.
«Et il y a des problèmes à long terme, ajoute M. Boucher. Si quelque chose fait défaut, il n'y a pas de plombiers ou d'électriciens dans les communautés.»
Pita Aatami affirme qu'au sud, personne n'accepterait la situation que vivent les résidants du Nunavik.
«Ici, il n'y a pas de routes à bloquer, déclare-t-il. Nous essayons de procéder pacifiquement, diplomatiquement, nous dialoguons avec les gouvernements, mais nous commençons à être à bout de patience.»
Friday, September 10, 2010
Wednesday, September 8, 2010
Tuesday, September 7, 2010
Wednesday, September 1, 2010
Les aeroports de Kuujjuarapik et Salluit parmit d'autres recevront un investissement d'Ottawa
Sonia Lévesque
Agence QMI
Ottawa injectera 8,6 millions $ dans six aéroports régionaux afin d’améliorer la sécurité des installations. Ainsi, les aéroports de Baie-Comeau, Mont-Joli, Rouyn-Noranda, Saint-Hubert, Kuujjuarapik et Salluit recevront des sommes variant entre 278 000 $ et 6,3 millions $. Daniel Petit, le député fédéral de Charlesbourg - Haute-Saint-Charles, en a fait l’annonce lundi à Mont-Joli au nom de son collègue, le ministre des Transports.
Aérogare Baie-Comeau « Ces améliorations à la sécurité seront financées en 2010-2011 dans le cadre du PAIA (Programme d’aide aux immobilisations aéroportuaires) », a-t-il déclaré.
Pour le président de la Régie intermunicipale de l’aéroport régional de Mont-Joli, Gilbert Pigeon, « la sécurité de nos aéroports ne peut être assurée sans les équipements adéquats. Ces infrastructures nécessitent des sommes d’argent que nos régions ne peuvent financer. Nous sommes à implanter des systèmes de gestion de sécurité, et cet exercice nous fait comprendre plus que jamais que nous avons besoin du soutien du gouvernement fédéral ».
Allongement de piste
En ce qui concerne l’allongement de la piste principale de l’aéroport, régional de Mont-Joli de 5000 à 6000 pieds, une étude financée par Transport Québec est en cours pour évaluer les opportunités de développement.
Selon la directrice de l’Aéroport régional de Mont-Joli, Carole Duval, « l’étude va nous dire s’il existe des possibilités de développement qui sont tout à fait différentes de ce qu’on fait et qui pourraient se réaliser si on avait une piste plus grande. Par exemple est-ce que des porteurs pourraient être intéressés à Mont-Joli si on avait une piste de 5500 pieds ? Est-ce que le développement du Nord pourrait faire en sorte qu’on devrait développer le transport par avion-cargo ? »
Pour ce qui est de développer le créneau des voyages dans le sud, Carole Duval a indiqué que « les gouvernements actuellement ne considèrent pas ça comme du développement économique. Dans les faits ça amène du développement dans notre région, mais pas dans l’ensemble du Québec, puisqu’il s’agit d’un déplacement de services. Dans notre région, en revanche c’est important. L’argent qui est dépensé ailleurs pourrait l’être ici. Il y a un intérêt et on essaie de tout mettre en œuvre pour donner à la population accès à ces vols-là. »
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